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Les Plaines du Sud-Est (avoisinant la presqu'île)

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Message par Kyrie Ven 25 Nov - 8:48

Aussi silencieuse qu’une ombre nocturne…

J’avançais à lestes foulées amples, sans qu’aucun bruit ne trahisse ma présence en ces lieux déserts, du moins aurait-il semblé pour un de ces frêle mortels dont j’abhorrais la futile existence. Inutile, pathétique, si ce n’est que pour combler de jouissances l’Insatiable.
L’Insatiable…
Il m’intimait, là, d’aller en Quête. Sans tarder ! Je me mis en route.
Le museau humide levé vers la Lune-Mère encore immaculée, la gueule ouverte et salivante, je guettais l’Offrande, et le léger sillon odorant qui l’embaumait de mille promesses d’allégresse. De temps à autre j’humais l’air frais prodigué par la Mère.
Rien.

… aussi patiente que les arbres centenaires…

Je parcourais plusieurs lieues d’un pas soutenu mais silencieux et froid comme la Mort. Mais je n’étais pas la Mort. Je ne suis rien. Je ne suis pas. J’existe.
Une fragrance ! Douce, sensuelle, éthérée et jouissive. Soudain, une explosion d’odeurs animales : une trainée de sueur salée à fleur de peau, tendre et ferme, goûteuse et douceâtre… un parfum fruité mêlé dans une chevelure soyeuse… deux haleines chaudes se confondant à celle de la nuit…
Mon cœur physique battait avec cadence, diffusant mon sang fluide dans tout mon corps, affinant, exaltant mon ouïe et mon odorat animal.


« Idan...
- Karen… Peu importe ta famille, je saurai te rendre heureuse.
- Mais si…
- Aie confiance en moi. Tu le peux ? »

Une sonorité humide.

… aussi furtive que le vent immatériel…

J’approchais. Mes oreilles duveteuses couleur de la Mère pointées en avant, le museau humant l’atmosphère. Des soupirs, des murmures, des baisers, des halètements. Je fendis le rideau foisonnant des broussailles en silence, arrivant de ce fait non loin des deux bipèdes humanoïdes. Tous deux de taille juvénile –ils ne devaient excéder la vingtaine d’années et encore- se tenaient adossés contre un tronc épais de feuillu, mêlant harmonieusement leur salive, les yeux clos dans une intense concentration linguale, dénuée de réflexion.


« Je te crois… Rentrons Idan… »

Lentement, je me plaquai contre le sol herbeux mouillé encore de la rosée de l’aurore, rampant plutôt que marchant, les poils doux de mon ventre étouffant le moindre bruit de ma progression.

« Tu n’as rien à craindre, je te protégerai de mon amour… »

Mon faciès se fendit d’un sourire de loup ; j’humectai mes crocs et mes babines de la pointe de ma langue rosâtre et râpeuse.

- Je sais mon… »

… aussi insensible que la Mort…

Je bondis.


«Que…
- Derrière t… »

Ma gueule dotée de dents acérées se referma sans mal comme un étau sur le maigre cou de l’humanoïde mâle qui lâcha un long râle englué de sang s’échappant de ses lèvres. J’imprimai un brusque mouvement de la tête vers la droite. Un craquement retentit en écho dans la nuit. Une odeur de fer fut libérée dans l’air. Mes pupilles se teintèrent d’excitation.

« IDAN ! »

Je rouvris ma bouche, me laissant chuter au sol selon la course du corps inanimé de ma première Offrande. Déjà, mes crocs étaient imprégnés de ce liquide vital et de ce magnifique vermillon ; mais l’Insatiable hurlait au travers de mon propre sang. Plus. Plus. Plus !
La femelle s’était depuis enfuie en hurlant, en courant, en relevant ses jupes. Je jetai un dernier coup d’œil à la jouissante face du mâle dont les traits s’étaient étirés d’une manière tout à fait satisfaisante.


« Je reviendrai… » grognai-je.

Brusquement, mes articulations se délièrent et mes puissants muscles frappaient la terre avec une violence heureuse. Que j’aimais poursuivre mes proies ! Que j’adorais sentir pulser le sang et son parfum ! Que j’affectionnais palper la terreur de ma victime…

Je prévins Mère, effraya la femelle : je hurlai. A la Lune, à la Nuit, à la Mort. Et la Lune, enfin, quitta son linceul immaculé et endossa son voile maternel écarlate.


***

J’enfilai ma tenue de jour avec un air partagé entre extase et agacement : le repas de la veille m’a comblée, certes, mais que je détestais ma forme humaine ! J’étais bien mieux sous les traits d’une louve… plus proche de l’Insatiable, et de Mère. De ma vraie nature. Cependant, il me fallait pénétrer en territoire bipède : je commençais à souffrir de mes blessures… J’eus une brève pensée pour le gobelin trapu qui m’avait infligé cette souffrance. Enfin… il tenait désormais compagnie à l’Insatiable. Je m’autorisai à sourire mais finalement optai pour un soupir. En route…

Le paysage boisé fit place à une grande plaine herbeuse encore humide de rosée ; le ciel était encore constellé, même si les étoiles s’effaçaient peu à peu derrière les stries orangées de l’aube. Je restais là, sans mot dire, à contempler Mère avant qu’elle ne disparaisse tout à fait.
Alors que le soleil débutait son règne, je me mis en chemin, d’une foulée soutenue ; si je voulais soigner ma joue et mes mains avant que revienne le crépuscule, il me fallait me hâter. Evidemment, je n’étais pas idiote au point de vouloir franchir ne serait-ce le seuil de Lonimar. Cela aurait été du suicide. Mais... voulais-je mourir ? Peut-être. Peut-être pas. Comme à mon habitude, je ne savais pas. Bref, je devrais opter pour une ville plus "hétéroclite" : Isinia ? Non, mes oreilles auraient vite fait de me faire écorcher. La Cité Frontalière ? Non plus. Une telle proximité avec les éthérés me faisait frissonner. Pas de peur hein. Kharid ? Je ne savais tout simplement pas où elle se trouvait cette cité naine. Shadonia ? Pff… trop loin. A moins que j’adopte ma forme de louve mais sur le chemin, je risquais ma peau mille fois au moins. Ne me restait que Shelonia… mais je n’aimais pas trop l’eau.
Eh bien ma Kyrie t’es pas dans le pétrin.
Je pourrais aussi tenter ma chance dans un village aux alentours des citées, mais mes chances de trouver un bon soigneur était plus mince. Je risquais plutôt de tomber sur un charlatan qui aurait vite fait de m’achever que de me guérir promtement. D’un autre côté, soit c’était risquer de ne pas dénicher une personne apte, soit trouver un guérisseur pour me faire étriper après. Cruel dilemme. Ma décision se porta sur la première évidemment. Dans ce cas, je devais forcer l’allure afin de visiter le plus de villages possible avant la nuit.

***

Quand je vis les premiers toits de chaume, je faillis m’affaler de soulagement : le ciel était encore clair et éclairé. Bon. Ma réinsertion dans la société bipède me causait à chaque fois pas mal de tracas, aussi pris-je le temps de me remémorer quelques éléments de survie : ne pas parler aux étrangers, ne pas les regarder trop longtemps –il faut dire que j’avais tendance à les voir comme des proies… ce qui ne manquait pas de déclencher la panique générale- sauf s’ils ont l’air louche et qu’ils me scrutent comme des loups en chaleur dans le cas où je pouvais m’autoriser à les corriger –un peu-, marcher d’une manière décidée et en évitant les arrêts, droite et sur mes deux pattes, ne pas grogner, ni saliver, réfréner mes tics de louve –c'est-à-dire retrousser les lèvres autrement que pour sourire et me gratter-… C’était à peu près tout, je crois.
Même si je fus elfe, mon affinité lycanthrope prenait le dessus et effaçait progressivement ce qui fut pour moi la « normalité » : mener des discutions guindées et hypocrites, entourée de personnes ingrates et opportunistes, tout cela en affichant constamment un grand sourire le plus sincèrement niais que possible. Un bonheur en somme, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, je me rends compte à quel point j’étais sotte dans mon « ancienne vie », me complaisant de choses inutiles… alors que je pouvais sentir le cœur de la nuit battre à l’unisson du mien et fouler la terre meuble, ferme et fraiche. Tant de règles idiotes délaissées pour plus de liberté.
Inspirant un bon coup, je remis les bandages autour de mes mains et pénétrais dans le village bruyant d’un pas chaloupé, et félin.
Kyrie
Kyrie
Expérimenté
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Date d'inscription : 02/10/2011

Fiche Technique
Nom: Valkyrja Ljösalfar Aydwen
Race: Lycan
Classe: Prêtre

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